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@ Trikounet : Belle découverte, Ashbury, pour ma part ! Le chanteur a une de ces voix qui forcent l'écoute. Je sais pas pourquoi, sa façon tout en douceur de poser la mélodie m’a évoqué Greg Lake. Du coup j’ai écouté tout l’album. Ben je n’ai pas été déçu. Dans leurs arrangements, ils sentent quand la première idée a donné toute sa sève, comme si une trop grande fidélité à ce qui a déjà été écrit risquait d'entraîner une suite mécanique, un développement académique. Et on retrouve un peu le côté « troubadour » de Lake dans leurs intros à la guitare sèche, notamment les titres Madman et Hard Fight, sans parler du très beau morceau de transition Twilight. Quant au dernier morceau, ils finissent en apothéose. Grand merci à toi, Trikounet !

@ GreenSnake : Mon intention n’était pas de souligner une période d’Elvis plutôt qu’une autre. Si tu veux, en plus de m’être couvert de ridicule en tirant, non pas sur deux ambulances, mais deux cercueils, j’essayais de dire (mais tu as capté, je n'en doute pas) qu’il y a une différence entre s’inspirer d’un artiste et vouloir devenir sa copie conforme. Dans le second cas, soit ça relève de la psychiatrie, soit d’un manque cruel de personnalité doublé d’une intention (bassement, pour le coup) mercantile, soit d’un clin d’oeil. Tant que ça reste un clin d’oeil, pourquoi pas ? Cela peut être rigolo. Mais encore faut-il savoir copier. C’est un métier.

Un exemple : milieu des années 80 déferle sur la France la vague Cure mania qui engendre toute une horde de jeunes Corbeaux. Lorsqu’ils se réfugient, les ailes repliées, chez un disquaire, leurs lèvres rouge-Gemey laissent échapper toujours la même question : « Z'avez quoi qui sonne comme les Cure ? » Le type, alors, très emmerdé, n’ose pas leur dire que chaque groupe a son identité propre et qu'il est vain d'aller chercher chez les autres ce qui nous plaît dans machin ou bidule. Aussi honnête soit un commerçant, il veut avant tout gagner des clients. Et face aux yeux suppliants de ces ados grimés au charbon qui ont passé la matinée dans la salle de bains à donner naissance à la méga mygale défunte sur leur crâne, toutes pattes en l'air, notre bonhomme sent bien que le discours de la raison sera inopérant. Donc, avec la meilleure volonté, il envoie des galettes sur la platine, des trucs qui, selon lui, approchent tant soit peu l'univers des Cure. Mais ça fait un flop. Les Corbeaux, encore plus déprimés qu'avant d'entrer dans l’échoppe, bredouillent faiblement que la voix du chanteur ne va pas, que le son n'est pas assez bien produit, bref, que c'est pourri. Puis le groupe underground The Essence voit le jour. Un jour à marquer d'une pierre blanche pour les disquaires, ils vont enfin avoir la parade à l’éternelle demande des jeunes urbains tissu-noir.

Copiste, en plus d’être un métier, c’est un talent. Si Dick et Johnny ne sont jamais arrivés à la cheville d’Elvis (projet trop ambitieux pour leurs moyens), il faut bien reconnaître que Hans Diener, auteur-compositeur-guitariste et chanteur du trio néerlandais The Essence, est au moins parvenu à atteindre le tibia voire le genou de Robert Smith. La preuve en son et images. En 1985, The Cure sort un titre qu'on connaît tous, In Between Days. Je poste le clip, regardez, écoutez attentivement musique et voix :

La question sous-jacente dans mon précédent post : est-ce que vous pensez, à la mort du chanteur de The Essence, que la Hollande va lui rendre un hommage national digne de la reine Beatrix, en évoquant, dans l'Église, devant son cercueil, les noms de Rembrandt, Spinoza, Érasme ou Elzévir ?