Sept membres survivants d'une loge maçonnique et actifs résistants pendant la deuxième guerre mondiale, se retrouvent en 1951 après avoir reçu une étrange lettre les conviant à une réunion spéciale. En 1943, leur réseau de résistance a été décimé et, visiblement, c'est la faute de l'un d'entre eux qui les aurait dénoncé. Mais qui est le traître? Aucun d'entre eux ne pourra sortir tant que la vérité n'éclatera pas au grand jour.
La série Sept propose une thématique simple: des auteurs différents présentent à chaque album une histoire comportant spet personnages. Cette fois, c'est Didier Convard, l'auteur du Triangle Secret (et lui-même membre de la loge maçonnique) qui s'y colle. L'histoire est un huis-clos plutôt bien ficelé et efficace. Le lecteur est pris dans le jeu des révélations et attend avec délectation le fin mot de l'histoire. Malheureusement, la présentation des personnages traine un peu en longueur et le tout est au final trop classique, sans réelle surprise. La fin fait un peu office de pétard mouillé. Dommage. Le dessin ,lui aussi très classique dans un style réaliste, n'est pas inoubliable, mais colle très bien avec l'ambiance noire et historique du récit. Bref, un album Sept qui se situe dans le milieu du peloton de la collection. Pas désagréable, mais qui s'oublie vite.
Dans une ville industrialisée en proie à une pollution permanente, la fourmilière humaine grouille. Les hommes circulent, moroses, dans une brume permanente teintée de mélancolie. Autour de la ville, les arbres perdent leurs feuilles qui viennent joncher le sol de la ville d'un matelas épais. C'est dans cette forêt de métal et de béton, qu'un jeune homme va trouver un jour une étrange feuille teintée d'une lueur bleutée. Quelle peut bien être la signification de cette feuille? Qu'en faire?
Originaire du Sud Ouest de la Chine et vivant à Barcelone, Daishu Ma est au carrefour des influences. Il donne un aspect universel à sa bande dessinée: la ville peut se trouver n'importe où, les habitants sont de toutes origines, et les cases, muettes, peuvent être comprises par tous. Le message écologique peut paraître naïf au premier abord mais il est traité avec une telle délicatesse et une telle poésie qu'il ne laisse pas insensible. Le lecteur (ou plutôt l'observateur?) se laisse ainsi prendre rapidement à cette invitation au rêve et au voyage, à cette fable écologique où l'espoir naît dans la grisaille du quotidien. Dans cette bande dessinée silencieuse, l'aspect graphique se trouve donc propulsé au premier plan, et force est de constater que le trait de Daishu Ma est magnifique et captivant. Tracé aux crayons à papier et aux crayons de couleurs, avec un jeu d'ombres et de lumières particulièrement travaillé, l'auteur donne une âme à sa ville et à ses personnages. Le gris domine pour mieux souligner l'aspect triste et brumeux de la ville, mais les teintes jaunes et bleues confèrent une luminosité particulièrement douce et agréable. Les visages sont fins, d'une expressivité et d'une émotion rare. Chaque case, dont certaines peuvent atteindre la taille de double-page, devient ainsi un tableau, une invitation au voyage où le lecteur s'attarde pour en contempler tous les détails. Pour tous les amoureux du dessin, Feuille est incontestablement une oeuvre qui vaut le détour. Les autres seront peut-être plus hermétiques à cet univers silencieux empreint d'onirisme.
Aaaaah il m'intéresse beaucoup celui-là, le dessin et la narration semblent être très inspirés par le roman Là où vont nos pères de Shaun Ttaun (2008). Merci pour le partage ! (je te dirai si j'ai adoré)
Sinon j'ai pas repéré de BD/Romans qui valaient le coup d’œil.
Je me suis juste relu les deux tomes de l'arabe du futur et la trilogie de Siegfried
le dessin et la narration semblent être très inspirés par le roman Là où vont nos pères de Shaun Ttaun (2008).
Je ne connais pas Là où vont nos pères, mais en ayant jeté un coup d'oeil sur le net, cela m'a effectivement l'air d'avoir une approche assez similaire.
Si j'ai l'occasion de tomber sur cette bd de Shaun Tan, je tâcherai de la lire :)
Depuis l'enfance, Antoine, timide et réservé, vit dans la fascination des femmes et du dessin. Antoine ne parle pas mais grâce à un sens de l'observation aiguisé, il apprend vite. Sa mère, sa soeur, ses amies, ses petites amies, ses professeures et toutes les autres représentations féminines l'emmènent toujours plus loin dans la découverte de lui-même. Regarde les filles retrace toutes ces rencontres.
Issu du secteur de l'animation, François Bertin signe ici un roman graphique autobiographique. Le jeune Antoine est François Bertin et vice-versa. Dans une construction éclatée qui peut désarçonner, où les ellipses narratives sont très soudaines, l'auteur axe sa biographie autour de l'image et de l'impact qu'a eu sur lui la gente féminine. Antoine ne parle jamais mais ne perd pas une miette de ses rencontres et éprouve une fascination et un certain respect pour les femmes ayant constitué sa vie, jusqu'à éprouver ce besoin viscéral de les dessiner. Une initiation quasiment permanente pour le jeune héros, qui apprendra toujours, au contact de ces femmes traversant sa vie, une nouvelle facette de sa personnalité, de ses amours, de ses fantasmes. A la recherche de la plénitude auprès d'une femme, il finira par la découvrir de manière inattendue et d'une brutale douceur, à là la naissance de sa fille. Le lectorat masculin verra sans doute dans cette bande dessinée le propre écho de son ressenti, tantôt avec plaisir, tantôt avec malaise.
Le tout est dessiné avec un trait en noir et blanc plutôt convaincant, simple, esthétique et sans fioriture, avec des contrastes appuyés. Un petit air de Bastien Vivès s'en dégage. Dommage toutefois que le lecteur aie parfois quelques difficultés à distinguer qui est qui tant certains personnages peuvent se multiplier et se ressembler.
Une lecture intime, où le lecteur pourra aisément plaquer, grâce à ce héros mutique catalyseur, ses propres expériences et interprétations.
Tinoir, ou Archange pour l'état civil, est le patriarche d'une grand famille manouche. Sa lignée prend racine en France depuis le seizième siècle. Marié à Marie, dont le surnom est La Blanche, il s'échine à mener sa famille du mieux qu'il peut vers un endroit pour vivre. Mais ils ne possèdent rien, se heurtent à la méfiance, la misère et l'exclusion. Ils sont condamnés à ne toujours être que "de passage". Seul son ami gadjo, un instituteur itinérant avec qui il noue des rapports complexes, lui permet d'avoir des échanges sur le monde qui sépare nomades et sédentaires, sur le poids des persécutions passées, présentes et à venir des Tsiganes.
Depuis des années, Kkrist Mirror offre un travail titanesque sur la thématique des Tsiganes. Auteur de nombreux récits sur le sujet (Tsiganes, 1940-1945 le camp de concentration de Montreuil-Bellay; Gitans, Le pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer...), il accompagne le lecteur dans une plongée dans le monde gitan au sein de la famille de Tinoir. Grâce au témoignage précieux de Daniel Boitard, l'instituteur itinérant et ami du chef de famille manouche, il casse toutes les peurs et fantasmes exacerbés autour de cette communauté. Cette bande dessinée illustre ainsi à merveille la citation d'Isaac Newton présente à la fin du livre: "Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts". L'inconnu fait peur et ce livre aide à démystifier, à remettre l'être humain au centre de toutes les préoccupations pour faire réagir le lecteur. Car les conditions de vie de Tinoir et sa famille sont révoltantes. La pauvreté, la misère, l'exclusion, l'analphabétisme, la maladie s'abattent inexorablement sur eux. Les Tsiganes ne sont bienvenus nulle part et sont aujourd'hui constamment assimilé aux roms et aux voleurs. Sans compter leur lourd passé de déportés qu'ils préfèrent eux-même éluder... Avec son trait en noir et blanc charbonneux et terriblement expressif, Kkrist Mirror offre au lecteur ce témoignage d'un homme ne cherchant que le bonheur de sa famille. Un exemple de simplicité, d'humilité et de courage. Une plongée dans des us et coutumes différents mais pourtant pas si lointain. "Manouche" signifie homme debout. Un ouvrage et témoignage précieux.
Lu DoggyBags tome 9 de Run, Hasteda, Ducoudray, Jebedaï et Auger.
Dans ce numéro, les histoires courtes sont toutes sur le même thème. Après la régulation de l'épidémie du virus Z transformant les morts en zombie aux Etats-Unis, le magnat Rupoch Murder décide d'ouvrir un parc d'attraction contenant des attractions avec des zombies. Le succès est phénoménal et chaque américain peut venir se défouler avec son arme à feu. La première histoire raconte le fonctionnement du parc jusqu'à sa perte de contrôle, la deuxième l'évacuation des civils et la troisième l'extension de la menace sur tous le territoire américain.
Bon, même si c'est agréable d'avoir une histoire suivie avec une évolution cohérente malgré les paires d'auteurs différents, c'est loin d'être mon DoggyBags préféré. Le phénomène zombie commence à friser peut-être un peu l'indigestion pour ma part. Rien de nouveau sous le soleil, même si le postulat de départ de faire un parc d'attraction avec des zombies est intéressant. Mais d'une part cette idée avait déjà été exploitée dans le cinquième numéro de DoggyBags (l'auteur Run voulait approfondir un peu plus le sujet dans le présent numéro), d'autre part, on a un peu l'impression d'avoir une transposition de Jurassik Park avec cette perte de contrôle. Du coup, il y a un air flagrant de déjà vu et même si l'écriture et les dessins sont corrects, cela n'ira jamais plus loin que le divertissement. Sitôt refermé, sitôt oublié. Les auteurs n'avaient sans doute pas la prétention de faire autre chose, mais le côté vu et revu de cet univers zombie finit par lasser s'il ne trouve pas un petit "plus" par rapport à ses nombreux confrères. Les afficionados aimeront. Les autres probablement un peu moins.
Lu Une mystérieuse mélodie ou Comment Mickey rencontra Minnie de Cosey.
Ayant récupéré les droits de Walt Disney en France, Glénat a demandé à quelques auteurs phares de la bande dessinée franco-belge de rendre un hommage à la célèbre souris créée en 1928. Dans ce tome, c'est Cosey, l'auteur de la série Jonathan, qui s'y colle.
Mickey est auteur de scénario pour le cinéma et cherche l'inspiration pour son prochain film. Il pense avoir enfin trouvé le bon scénario, quand une mystérieuse inconnue dans un train lui dérobe par inadvertance. N'ayant pas vu son visage, son seul indice pour la retrouver est la musique qu'il lui a entendu fredonner.
L'histoire n'est qu'un prétexte. Cette bande dessinée est une formidable madeleine de Proust pour tous les nostalgiques du Mickey de la première heure. Celui de Walt Disney, Ub Iwerks ou encore Floyd Gottfredson. Un Mickey candide et espiègle aux yeux en forme de tarte, affublé seulement de sa culotte rouge aux boutons jaunes et n'ayant pas vraiment un goût prononcé pour l'énigme et l'aventure. Il ne rêve encore que d'être peinard et de profiter de ses amis, Dingo en tête. Les couleurs sont dans les tons pastels, le découpage est aéré, les éléments de décors prennent place dans les années 20... Bref, tout est fait pour toucher la veine nostalgique des plus anciens et on sent l'immense respect et le bel hommage qu'a voulu faire Cosey. Seule ombre au tableau, elle manque peut-être un peu d'humour, et bien qu'il en soit disséminé ici et là, ça manque de gags visuels. Surtout qu'en mettant en scène Dingo et Pluto, il y avait la place. Mais la lecture reste néanmoins agréable.
Trondheim et Keramidas ont également sorti un album sur les aventures de la souris. Je suis curieux de connaître leur interprétation.
Ils ont sorti une intégrale de Monsieur Mardi-Gras Descendres ainsi qu'un Prologue dans la foulée, la série date de 1998 (1er tome) - 2005 (4éme tome).
Je ne la connaissais que de nom, très content d'avoir enfin la main dessus ! Pour l'instant j'en suis sous le charme, reste à voir comment ça évoluera par la suite (je n'ai lu que le premier tome). En tout cas l'humour, la narration et les dessins me plaisent beaucoup, j'ai hâte de me lire la suite.
Le début d'un coup de cœur, assurément !
Citation:
"À cause d'une glissade dans sa salle de bains, Victor Tourterelle, cartographe, se retrouve projeté aux confins de Pluton, dans un immense purgatoire peuplé de squelettes errant en quête de sens. Bien malgré lui, celui qui a été renommé Mardi-Gras Descendres va rapidement se retrouver au coeur d'une aventure qu'aucune autre âme n'avait encore vécue. Libéré de prison par une milice qui tente de déjouer la dictature du pouvoir en place, il devra, fait interdit, tracer les contours du monde dans lequel ils ont tous échoué.
Fable délirante et mystique, croisement incongru de Jacques Tati et de Stanley Kubrick, "Monsieur Mardi-Gras Descendres" est un ovni dans l'univers de la bande dessinée adulte, tant par l'originalité des thèmes qu'elle aborde que par la virtuosité du trait de son créateur."
Lu Moses Rose Tome 2: La mémoire des ruines de Ordas, Cothias et Galland.
Accusé de désertion lors de la célèbre bataille d'Alamo, Louis "Moses" Rose est bien décidé à laver son nom. Pour échapper à la prison, il décide d'accompagner le shérif Millsaps qui espère retrouver de l'argent et des documents cachés par son frère dans les ruines du fort. C'est le début d'une longue aventure semée d'embuches pour Moses Rose. D'autant plus que certains ne voient pas ce périple d'un bon oeil.
Un western tout ce qu'il y a de plus classique (trop). Que ce soit au niveau du scénario, du traitement, des personnages ou des dessins, rien ne sort vraiment du lot. Pas mauvais en soi, mais tous les habitués du genre ne pourront s'empêcher de sentir un goût de réchauffé. La multitude de personnages et évènements abordés offrent malheureusement peu de place à leurs développements dans un format classique de 46 pages. Moses Rose aurait mérité un peu plus d'ambition et d'application.
Lu Sept Frères de Convard, Camus et Boivin.
Sept membres survivants d'une loge maçonnique et actifs résistants pendant la deuxième guerre mondiale, se retrouvent en 1951 après avoir reçu une étrange lettre les conviant à une réunion spéciale. En 1943, leur réseau de résistance a été décimé et, visiblement, c'est la faute de l'un d'entre eux qui les aurait dénoncé. Mais qui est le traître? Aucun d'entre eux ne pourra sortir tant que la vérité n'éclatera pas au grand jour.
La série Sept propose une thématique simple: des auteurs différents présentent à chaque album une histoire comportant spet personnages. Cette fois, c'est Didier Convard, l'auteur du Triangle Secret (et lui-même membre de la loge maçonnique) qui s'y colle. L'histoire est un huis-clos plutôt bien ficelé et efficace. Le lecteur est pris dans le jeu des révélations et attend avec délectation le fin mot de l'histoire. Malheureusement, la présentation des personnages traine un peu en longueur et le tout est au final trop classique, sans réelle surprise. La fin fait un peu office de pétard mouillé. Dommage. Le dessin ,lui aussi très classique dans un style réaliste, n'est pas inoubliable, mais colle très bien avec l'ambiance noire et historique du récit. Bref, un album Sept qui se situe dans le milieu du peloton de la collection. Pas désagréable, mais qui s'oublie vite.
Lu Feuille de Daishu Ma.
Dans une ville industrialisée en proie à une pollution permanente, la fourmilière humaine grouille. Les hommes circulent, moroses, dans une brume permanente teintée de mélancolie. Autour de la ville, les arbres perdent leurs feuilles qui viennent joncher le sol de la ville d'un matelas épais. C'est dans cette forêt de métal et de béton, qu'un jeune homme va trouver un jour une étrange feuille teintée d'une lueur bleutée. Quelle peut bien être la signification de cette feuille? Qu'en faire?
Originaire du Sud Ouest de la Chine et vivant à Barcelone, Daishu Ma est au carrefour des influences. Il donne un aspect universel à sa bande dessinée: la ville peut se trouver n'importe où, les habitants sont de toutes origines, et les cases, muettes, peuvent être comprises par tous. Le message écologique peut paraître naïf au premier abord mais il est traité avec une telle délicatesse et une telle poésie qu'il ne laisse pas insensible. Le lecteur (ou plutôt l'observateur?) se laisse ainsi prendre rapidement à cette invitation au rêve et au voyage, à cette fable écologique où l'espoir naît dans la grisaille du quotidien. Dans cette bande dessinée silencieuse, l'aspect graphique se trouve donc propulsé au premier plan, et force est de constater que le trait de Daishu Ma est magnifique et captivant. Tracé aux crayons à papier et aux crayons de couleurs, avec un jeu d'ombres et de lumières particulièrement travaillé, l'auteur donne une âme à sa ville et à ses personnages. Le gris domine pour mieux souligner l'aspect triste et brumeux de la ville, mais les teintes jaunes et bleues confèrent une luminosité particulièrement douce et agréable. Les visages sont fins, d'une expressivité et d'une émotion rare. Chaque case, dont certaines peuvent atteindre la taille de double-page, devient ainsi un tableau, une invitation au voyage où le lecteur s'attarde pour en contempler tous les détails. Pour tous les amoureux du dessin, Feuille est incontestablement une oeuvre qui vaut le détour. Les autres seront peut-être plus hermétiques à cet univers silencieux empreint d'onirisme.
Aaaaah il m'intéresse beaucoup celui-là, le dessin et la narration semblent être très inspirés par le roman Là où vont nos pères de Shaun Ttaun (2008). Merci pour le partage ! (je te dirai si j'ai adoré)
Sinon j'ai pas repéré de BD/Romans qui valaient le coup d’œil.
Je me suis juste relu les deux tomes de l'arabe du futur et la trilogie de Siegfried
Je ne connais pas Là où vont nos pères, mais en ayant jeté un coup d'oeil sur le net, cela m'a effectivement l'air d'avoir une approche assez similaire.
Si j'ai l'occasion de tomber sur cette bd de Shaun Tan, je tâcherai de la lire :)
Lu Regarde les filles de Bertin.
Depuis l'enfance, Antoine, timide et réservé, vit dans la fascination des femmes et du dessin. Antoine ne parle pas mais grâce à un sens de l'observation aiguisé, il apprend vite. Sa mère, sa soeur, ses amies, ses petites amies, ses professeures et toutes les autres représentations féminines l'emmènent toujours plus loin dans la découverte de lui-même. Regarde les filles retrace toutes ces rencontres.
Issu du secteur de l'animation, François Bertin signe ici un roman graphique autobiographique. Le jeune Antoine est François Bertin et vice-versa. Dans une construction éclatée qui peut désarçonner, où les ellipses narratives sont très soudaines, l'auteur axe sa biographie autour de l'image et de l'impact qu'a eu sur lui la gente féminine. Antoine ne parle jamais mais ne perd pas une miette de ses rencontres et éprouve une fascination et un certain respect pour les femmes ayant constitué sa vie, jusqu'à éprouver ce besoin viscéral de les dessiner. Une initiation quasiment permanente pour le jeune héros, qui apprendra toujours, au contact de ces femmes traversant sa vie, une nouvelle facette de sa personnalité, de ses amours, de ses fantasmes. A la recherche de la plénitude auprès d'une femme, il finira par la découvrir de manière inattendue et d'une brutale douceur, à là la naissance de sa fille. Le lectorat masculin verra sans doute dans cette bande dessinée le propre écho de son ressenti, tantôt avec plaisir, tantôt avec malaise.
Le tout est dessiné avec un trait en noir et blanc plutôt convaincant, simple, esthétique et sans fioriture, avec des contrastes appuyés. Un petit air de Bastien Vivès s'en dégage. Dommage toutefois que le lecteur aie parfois quelques difficultés à distinguer qui est qui tant certains personnages peuvent se multiplier et se ressembler.
Une lecture intime, où le lecteur pourra aisément plaquer, grâce à ce héros mutique catalyseur, ses propres expériences et interprétations.
Lu Manouches de Kkrist Mirror.
Tinoir, ou Archange pour l'état civil, est le patriarche d'une grand famille manouche. Sa lignée prend racine en France depuis le seizième siècle. Marié à Marie, dont le surnom est La Blanche, il s'échine à mener sa famille du mieux qu'il peut vers un endroit pour vivre. Mais ils ne possèdent rien, se heurtent à la méfiance, la misère et l'exclusion. Ils sont condamnés à ne toujours être que "de passage". Seul son ami gadjo, un instituteur itinérant avec qui il noue des rapports complexes, lui permet d'avoir des échanges sur le monde qui sépare nomades et sédentaires, sur le poids des persécutions passées, présentes et à venir des Tsiganes.
Depuis des années, Kkrist Mirror offre un travail titanesque sur la thématique des Tsiganes. Auteur de nombreux récits sur le sujet (Tsiganes, 1940-1945 le camp de concentration de Montreuil-Bellay; Gitans, Le pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer...), il accompagne le lecteur dans une plongée dans le monde gitan au sein de la famille de Tinoir. Grâce au témoignage précieux de Daniel Boitard, l'instituteur itinérant et ami du chef de famille manouche, il casse toutes les peurs et fantasmes exacerbés autour de cette communauté. Cette bande dessinée illustre ainsi à merveille la citation d'Isaac Newton présente à la fin du livre: "Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts". L'inconnu fait peur et ce livre aide à démystifier, à remettre l'être humain au centre de toutes les préoccupations pour faire réagir le lecteur. Car les conditions de vie de Tinoir et sa famille sont révoltantes. La pauvreté, la misère, l'exclusion, l'analphabétisme, la maladie s'abattent inexorablement sur eux. Les Tsiganes ne sont bienvenus nulle part et sont aujourd'hui constamment assimilé aux roms et aux voleurs. Sans compter leur lourd passé de déportés qu'ils préfèrent eux-même éluder... Avec son trait en noir et blanc charbonneux et terriblement expressif, Kkrist Mirror offre au lecteur ce témoignage d'un homme ne cherchant que le bonheur de sa famille. Un exemple de simplicité, d'humilité et de courage. Une plongée dans des us et coutumes différents mais pourtant pas si lointain. "Manouche" signifie homme debout. Un ouvrage et témoignage précieux.
Lu DoggyBags tome 9 de Run, Hasteda, Ducoudray, Jebedaï et Auger.
Dans ce numéro, les histoires courtes sont toutes sur le même thème. Après la régulation de l'épidémie du virus Z transformant les morts en zombie aux Etats-Unis, le magnat Rupoch Murder décide d'ouvrir un parc d'attraction contenant des attractions avec des zombies. Le succès est phénoménal et chaque américain peut venir se défouler avec son arme à feu. La première histoire raconte le fonctionnement du parc jusqu'à sa perte de contrôle, la deuxième l'évacuation des civils et la troisième l'extension de la menace sur tous le territoire américain.
Bon, même si c'est agréable d'avoir une histoire suivie avec une évolution cohérente malgré les paires d'auteurs différents, c'est loin d'être mon DoggyBags préféré. Le phénomène zombie commence à friser peut-être un peu l'indigestion pour ma part. Rien de nouveau sous le soleil, même si le postulat de départ de faire un parc d'attraction avec des zombies est intéressant. Mais d'une part cette idée avait déjà été exploitée dans le cinquième numéro de DoggyBags (l'auteur Run voulait approfondir un peu plus le sujet dans le présent numéro), d'autre part, on a un peu l'impression d'avoir une transposition de Jurassik Park avec cette perte de contrôle. Du coup, il y a un air flagrant de déjà vu et même si l'écriture et les dessins sont corrects, cela n'ira jamais plus loin que le divertissement. Sitôt refermé, sitôt oublié. Les auteurs n'avaient sans doute pas la prétention de faire autre chose, mais le côté vu et revu de cet univers zombie finit par lasser s'il ne trouve pas un petit "plus" par rapport à ses nombreux confrères. Les afficionados aimeront. Les autres probablement un peu moins.
Lu Une mystérieuse mélodie ou Comment Mickey rencontra Minnie de Cosey.
Ayant récupéré les droits de Walt Disney en France, Glénat a demandé à quelques auteurs phares de la bande dessinée franco-belge de rendre un hommage à la célèbre souris créée en 1928. Dans ce tome, c'est Cosey, l'auteur de la série Jonathan, qui s'y colle.
Mickey est auteur de scénario pour le cinéma et cherche l'inspiration pour son prochain film. Il pense avoir enfin trouvé le bon scénario, quand une mystérieuse inconnue dans un train lui dérobe par inadvertance. N'ayant pas vu son visage, son seul indice pour la retrouver est la musique qu'il lui a entendu fredonner.
L'histoire n'est qu'un prétexte. Cette bande dessinée est une formidable madeleine de Proust pour tous les nostalgiques du Mickey de la première heure. Celui de Walt Disney, Ub Iwerks ou encore Floyd Gottfredson. Un Mickey candide et espiègle aux yeux en forme de tarte, affublé seulement de sa culotte rouge aux boutons jaunes et n'ayant pas vraiment un goût prononcé pour l'énigme et l'aventure. Il ne rêve encore que d'être peinard et de profiter de ses amis, Dingo en tête. Les couleurs sont dans les tons pastels, le découpage est aéré, les éléments de décors prennent place dans les années 20... Bref, tout est fait pour toucher la veine nostalgique des plus anciens et on sent l'immense respect et le bel hommage qu'a voulu faire Cosey. Seule ombre au tableau, elle manque peut-être un peu d'humour, et bien qu'il en soit disséminé ici et là, ça manque de gags visuels. Surtout qu'en mettant en scène Dingo et Pluto, il y avait la place. Mais la lecture reste néanmoins agréable.
Trondheim et Keramidas ont également sorti un album sur les aventures de la souris. Je suis curieux de connaître leur interprétation.
Ils ont sorti une intégrale de Monsieur Mardi-Gras Descendres ainsi qu'un Prologue dans la foulée, la série date de 1998 (1er tome) - 2005 (4éme tome).
Je ne la connaissais que de nom, très content d'avoir enfin la main dessus ! Pour l'instant j'en suis sous le charme, reste à voir comment ça évoluera par la suite (je n'ai lu que le premier tome). En tout cas l'humour, la narration et les dessins me plaisent beaucoup, j'ai hâte de me lire la suite.
Le début d'un coup de cœur, assurément !
Lu Moses Rose Tome 2: La mémoire des ruines de Ordas, Cothias et Galland.
Accusé de désertion lors de la célèbre bataille d'Alamo, Louis "Moses" Rose est bien décidé à laver son nom. Pour échapper à la prison, il décide d'accompagner le shérif Millsaps qui espère retrouver de l'argent et des documents cachés par son frère dans les ruines du fort. C'est le début d'une longue aventure semée d'embuches pour Moses Rose. D'autant plus que certains ne voient pas ce périple d'un bon oeil.
Un western tout ce qu'il y a de plus classique (trop). Que ce soit au niveau du scénario, du traitement, des personnages ou des dessins, rien ne sort vraiment du lot. Pas mauvais en soi, mais tous les habitués du genre ne pourront s'empêcher de sentir un goût de réchauffé. La multitude de personnages et évènements abordés offrent malheureusement peu de place à leurs développements dans un format classique de 46 pages. Moses Rose aurait mérité un peu plus d'ambition et d'application.