Lu l'intégrale de Long John Silver de Dorison et Lauffray.
Lorsque Lady Hastings vient voir Long John Silver pour lui proposer de partir découvrir un trésor dans les confins de l'Amazonie, le sang de l'ex-pirate ne fait qu'un tour. La légende des océans pourraient bien reprendre du service pour cet ultime acte de piraterie.
Long John Silver est plus un hommage au célèbre personnage de R.L.Stevenson plutôt qu'une suite à L'île au trésor. Et quel hommage! L'album est parfait de bout en bout. Voilà une histoire de piraterie, une vraie, qui donne un souffle d'aventures épique. L'aventure est palpitante et accroche le lecteur sans plus jamais le lâcher. La maîtrise de Dorrison pour la narration force le respect et les personnages, Long John Silver en tête, sont d'un charisme à tout épreuve. Il faut dire que le dessin de Lauffray, sublime, expressif et détaillé transcende encore un peu plus le tout. Les décors sont à tomber par terre. L'édition intégrale (regroupant 4 tomes) bénéficie également d'un cahier graphique d'une quarantaine de pages. L'investissement en vaut vraiment la chandelle!
Lu Chaussons aux pommes et autres péripéties de Kaze Dolemite.
Un professeur a découvert une carte indiquant une île secrète et décide de monter une expédition pour s'y rendre. Il fait appel à un zoologiste, un scientifique et une journaliste pour l'accompagner. Mais l'expédition n'est pas une sinécure, et dans le dirigeable menant à l'expédition, les personnages se révèlent plutôt incompétents et leurs caractères respectifs font des étincelles.
Chaussons aux pommes et autres péripétes est une aventure de 230 pages humoristiques oscillant entre humour absurde et burlesque. L'histoire part du montage de l'expédition jusqu'à sa fin et propose des gags en une page. Les gags sont inégaux et de manière générale plutôt gentillets, mais Kaze Dolemite réussit avec cette contrainte à garder une cohérence et un objectif dans son récit. Les personnages ont des caractères bien trempés et des défauts qui leurs sont propres, ce qui permet à l'auteur de jouer pleinement la carte de l'humour. Mention spéciale à la tantine psychopathe qui vient rejoindre l'équipage en cours de route. Le dessin en noir et blanc, proche de la caricature, est ultra simpliste (pour ne pas dire pauvre) mais il fonctionne et colle à ce procédé de gags. C'est loufoque à souhait et si la lecture de cette bande dessinée ne laisse pas un souvenir impérissable, elle fait tout de même passer un bon moment.
Après avoir réglé ses comptes avec Steiner et sa bande de tueurs, Durango est parti panser ses blessures chez un ami à lui devenu Shérif de la petite ville tranquille de Hancock. Lorsqu'une bande de tueurs viennent en ville pour récupérer un magot et que le Marshall se fait truffer de plomb, Durango est décidé à rendre un dernier hommage à son ami en réglant l'affaire avec son fidèle pistolet automatique Mauser.
Le plus badass des cow-boys solitaires signe son grand retour avec cet album. Nouveau changement de dessinateur pour cette histoire en la personne de Iko qui, s'il n'arrive pas à égaler le trait du grand Yves Swolfs himself, s'en sort plutôt avec les honneurs et surpasse d'emblée son prédécesseur Thierry Girod. C'est bien dessiné, l'histoire est simple et efficace dans la pure tradition du western spaghetti et les personnages puent la classe (et la crasse aussi par la même occasion). L'album tient la route et ravira les fans du genre western, mais il manque tout de même d'ambition et reste d'un classicisme qui ne sort jamais des sentiers battus. L'histoire est prévisible de bout en bout et c'est bien dommage quand on se souvient des grandes heures de Durango.
Tu m'as donné envie pour John Silver, j'étais déjà tombé plusieurs fois sur cet album.
Quant à la série de western de Swolfs, j'en ai aussi entendu parler, surtout l'été dernier quand je m'étais fait dédicacer le dernier tome de sa série Prince de la Nuit au festival de BD de Strasbourg. Donc sachant que j'aime beaucoup ses BD (Prince de la Nuit et Légende), je serais bien curieux de lire ça un jour (à ce que je vois, il n'est pas le seul auteur crédité).
Tu m'as donné envie pour John Silver, j'étais déjà tombé plusieurs fois sur cet album.
Fonce! Tu le regretteras pas. D'autant plus si tu as lu L'île au Trésor de Stevenson.
Citation:
Quant à la série de western de Swolfs, j'en ai aussi entendu parler, surtout l'été dernier quand je m'étais fait dédicacer le dernier tome de sa série Prince de la Nuit au festival de BD de Strasbourg. Donc sachant que j'aime beaucoup ses BD (Prince de la Nuit et Légende), je serais bien curieux de lire ça un jour (à ce que je vois, il n'est pas le seul auteur crédité).
Swolfs a assuré dessins ET scénarios des 13 premiers tomes. A partir du 14eme, il n'a produit que les scénarios. Ce 17eme tome a un dessinateur très bon, mais les tomes 14-15-16, ça a été assez dur de passer du dessin de Swolfs à celui de Girod. Surtout au vu du niveau qu'il a atteint. Tu verras qu'au premier tome de Durango, son style est lon d'avoir atteint son niveau actuel. Durango est une très bonne série (surtout les 6 premiers tomes), mais elle reste très classique dans le fond. Elle n'arrive pas à la cheville de Blueberry qui reste LA référence du genre et une de mes séries préférées. Blueberry ne cesse de monter en puissance à chaque tome là où d'autres séries stagnent ou s'essoufflent, rien que pour ça, c'est fabuleux.
Dans la petite ville des états-unis de Watertown, Philip est un employé de bureau tout ce qu'il y a de plus banal. En passant comme à son habitude un matin dans la pâtisserie de Monsieur Clarke pour acheter un muffin à manger sur le chemin du bureau, il lance à l'employée Maggie Laeger: "A demain Maggie". Cette dernière répondit: "Non... Demain je ne serai plus là". Et le lendemain, elle disparut corps et bien tandis que Mr Clarke était retrouvé mort à son domicile d'une mort apparemment accidentelle. Deux ans plus tard, Philip croit reconnaître Maggie dans une autre ville. Il va se retrouver de plus en plus obsédé par cette affaire et mener sa propre enquête.
Avant toute chose, ce qui se dégage de cette bande dessinée est un parfum de mystère et d'étrangeté. Tout comme le personnage de Philip, l'auteur réussit à happer le lecteur dans cette quête de vérité et cette suspicion. Qui est Maggie Laeger? A-t'elle vraiment tué Clarke? Pourquoi a-t-elle disparu? Les questions sont nombreuses, et les réponses à tout cela, limpides et claires et superbement décevantes tuent dans l'oeuf tous nos fantasmes et nos enchevêtrements de théories. L'auteur souligne ainsi que l'important n'est pas le résultat mais le chemin parcouru et que l'espace d'un instant, le lecteur excité dans sa curiosité se permet de croire à tout et s'emballe. Philip n'est que le narrateur catalyseur qu permet de se rendre compte que de petits évènements en apparence anodins peuvent devenir le commencement d'un tourbillon émotionnel intense. On est tenu en haleine de bout en bout grâce à une narration superbement maîtrisée, et les dessins, sombres et charbonneux, renforcent ce côté polar rétro. Du grand art.
Lu Le rapport de Brodeck Tome 2: L'indicible de Larcenet.
Dans un petit village de montagne à la frontière allemande, Brodeck est chargé par son village d'écrire un rapport disculpant les villageois du meurtre collectif d'un étranger venu poser ses valises. Brodeck, seul homme n'ayant pas pris part au carnage, va donc essayer de retracer tous les évènements ayant conduits à ce massacre.
Attention cette bande dessinée est un chef-d'oeuvre, rien de moins. Adapté d'un roman de Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck trouve sa conclusion dans ce second volume. Avec minutie, Larcenet autopsie un village en apparence idyllique mais qui montre petit à petit son vrai visage au fil des pages. Le traumatisme de l'après-guerre, qui a vu le petit village occupé, est vivace, et les villageois, repliés sur eux-même et rongés par la peur, la lâcheté et la culpabilité en viennent à commettre les pires exactions pour se protéger ou pour éviter de se voir tels qu'ils ne le sont vraiment. Les secrets sont lourds. L'ambiance est hostile et poisseuse. On retrouve un peu cette ambiance qui caractérise le film Dogville de Lars Von Trier où l'horreur et la noirceur gagne à chaque minute du terrain. Le format de lecture à l'italienne et le trait de Larcenet fonctionnent à merveille. Le dessinateur joue énormément avec les silences, les symboles, les silhouettes, et retranscrit à merveille dans son trait au noir et blanc dense la menace sourde qui pèse en permanence. La blancheur immaculée des paysages enneigés se heurte ainsi sans cesse à la noirceur abyssale des hommes. La lecture de cette oeuvre ne peut laisser indifférent et laisse une empreinte indélébile chez le lecteur. Un must have!
Lu Doggybags Tome 11 deHasteda, Pagani, Mangin, Secheresse et Chesnot.
Sur le même principe que les autres volumes, l'album regroupe trois histoires courtes d'une vingtaine de page à l'ambiance pulp et horrifique qui fleure bon le grind-house. Dans la première, des touristes se retrouvent être la proie d'un requin géant en Afrique du Sud; dans la deuxième, un homme cherche à échapper à un gang en Californie et demande de l'aide aux mauvaises personnes; dans la troisième, une sorcière vaudou compte bien utiliser tous ses pouvoirs pour débusquer un tueur de femmes dans une prison à Haïti.
Ce volume est vraiment bon et propose trois histoires à l'ambiance bien sombre, offrant des histoires sympas avec de beaux retournements de situation à la fin. Des hommages appuyés au cinéma de genre, bourrés de références qui raviront tous les fans du genre. Des dossiers complets, jeux, fausses pubs et cadeaux viennent compléter le volume, lui donnant d'autant plus une saveur particulière de journaux pulps américains qu'on pouvait trouver à l'époque. Et si les dessins ne sont pas extraordinaires, ils sont à l'image du reste: efficaces et sans prétention. Cette série Doggybags a décidément plus d'un tour dans son sac et se révèle une série incontournable pour tous les amoureux de la violence et de l'horreur, genre sous-exploité en France. Dommage qu'elle doive s'arrêter au tome 13...
Lu Docteur Poche, Retour sur la planète des chats de Wasterlain.
Les cochons verts cherchent à envahir la planète des chats et sont en passe de réussir. Appelé à la rescousse, le Docteur Poche débarque sur la planète après un voyage spatio-temporel pour aider à repousser l'invasion. Grâce à Ury, un petit chat héritier du trône, il accomplit l'impensable: une alliance entre chiens et chats pour repousser l'envahisseur.
Marc Wasterlain, fleuron du journal de Spirou dans les années 70 jusqu'aux années 2000 et papa également de l'excellente série Jeannette Pointu, nous fait le cadeau de sortir un nouvel album du Docteur Poche, cinq ans après le dernier. Le lecteur peut retrouver avec délectation les aventures devenues trop rares du célèbre Docteur-magicien affublé de son manteau et de son chapeau rouge dans un album haut en couleur, 36 ans après l'album La planète des chats. Le charme est là, et le savant mélange entre aventure, poésie, merveilleux et humour procure un plaisir toujours aussi vif. L'aventure, qui ne trouvera sa conclusion que dans le prochain album, est palpitante bien que classique et égrène des références multiples et variées à travers les pages. On peut ainsi voir apparaître d'anciennes connaissances du Docteur Poche ou bien venants d'autres séries du même auteur comme les Pixels ou le professeur Cyclotron. On aperçoit également des références à la politique contemporaine avec cette vision des camps de migrants où sont parqués ceux qui cherchent à fuir la guerre, ou encore grâce à certains personnages rappelant de manière non-fortuite la dernière guerre mondiale.
Le trait de Wasterlain, quant à lui, reste le même, simple et dans la pure tradition franco-belge, mais d'un dynamisme à toute épreuve. En bref, Docteur Poche, c'est un savant mélange entre la série Doctor Who et Philémon du regretté Fred. Un imaginaire débridé qui paraît être sans aucune limite au service d'une histoire intelligente. Une madeleine de Proust pour les plus âgés et une belle découverte pour les plus jeunes.
Lu l'intégrale de Monsieur Mardi-Gras Descendres de Liberge.
Victor Tourterelle, cartographe, est mort bêtement en glissant sur une petite voiture laissée par son fils dans la salle de bain. Libéré de la chair, il se retrouve sous forme de squelette dans un étrange monde qui n'est autre que le "Purgatoire". Prisonnier entre le Paradis et l'Enfer, il va évoluer dans ce bagne, en compagnie de squelettes rafistolés avec des bouts de métal, car ici la seule chose qui importe est de conserver ses os intacts le plus longtemps possible et de se plonger dans les vapeurs du café qui rappellent un lointain écho terrestre.
Guidé par un facteur cratophane, contacté par une milice résistante au pouvoir dictatorial en place, celui qui s'appelle désormais Mardi-Gras Descendres va devoir tracer pour la première fois les contours de cette prison pour espérer en trouver une issue.
En lisant le résumé, vous devez sûrement vous dire que cette bande dessinée est complètement barrée. Je tiens à vous rassurer, elle l'est. L'univers noir rempli de squelettes est pour le moins en décalage avec ce que l'on a l'habitude de voir. C'est graphiquement superbe, en constante évolution tout au long de l'oeuvre et pose une histoire vraiment originale avec un style très particulier. L'auteur décrit lui-même son oeuvre comme une comédie méta-physique. Les sujets abordés sont nombreux, à commencer par la mort, et les pistes de réflexion nombreuses. La lecture de cette bande dessinée est exigeante, et on peut facilement se retrouver perdu dans le fil narratif. Et pas forcément qu'à cause de l'histoire, il est parfois difficile de différencier les personnages, étant donné que ce sont tous des squelettes dont les seules différences sont les pièces de métal disposées sur leurs corps. C'est atypique et c'est quitte ou double: on accroche ou on déteste à l'oeuvre. Personnellement je n'y ai pas été très sensible. Trop noir et tortueux à mon goût. Mais une chose ne peut pas être mise en doute: la qualité du travail fourni par Liberge. C'est titanesque et ça force le respect. Cette édition intégrale, superbe au demeurant, propose un entretien en fin de volume pour mieux se rendre compte ainsi que de nombreuses superbes illustrations. Rien que pour ça, ça vaut le coup d'oeil.
Lu l'intégrale de Long John Silver de Dorison et Lauffray.
Lorsque Lady Hastings vient voir Long John Silver pour lui proposer de partir découvrir un trésor dans les confins de l'Amazonie, le sang de l'ex-pirate ne fait qu'un tour. La légende des océans pourraient bien reprendre du service pour cet ultime acte de piraterie.
Long John Silver est plus un hommage au célèbre personnage de R.L.Stevenson plutôt qu'une suite à L'île au trésor. Et quel hommage! L'album est parfait de bout en bout. Voilà une histoire de piraterie, une vraie, qui donne un souffle d'aventures épique. L'aventure est palpitante et accroche le lecteur sans plus jamais le lâcher. La maîtrise de Dorrison pour la narration force le respect et les personnages, Long John Silver en tête, sont d'un charisme à tout épreuve. Il faut dire que le dessin de Lauffray, sublime, expressif et détaillé transcende encore un peu plus le tout. Les décors sont à tomber par terre. L'édition intégrale (regroupant 4 tomes) bénéficie également d'un cahier graphique d'une quarantaine de pages. L'investissement en vaut vraiment la chandelle!
Lu Chaussons aux pommes et autres péripéties de Kaze Dolemite.
Un professeur a découvert une carte indiquant une île secrète et décide de monter une expédition pour s'y rendre. Il fait appel à un zoologiste, un scientifique et une journaliste pour l'accompagner. Mais l'expédition n'est pas une sinécure, et dans le dirigeable menant à l'expédition, les personnages se révèlent plutôt incompétents et leurs caractères respectifs font des étincelles.
Chaussons aux pommes et autres péripétes est une aventure de 230 pages humoristiques oscillant entre humour absurde et burlesque. L'histoire part du montage de l'expédition jusqu'à sa fin et propose des gags en une page. Les gags sont inégaux et de manière générale plutôt gentillets, mais Kaze Dolemite réussit avec cette contrainte à garder une cohérence et un objectif dans son récit. Les personnages ont des caractères bien trempés et des défauts qui leurs sont propres, ce qui permet à l'auteur de jouer pleinement la carte de l'humour. Mention spéciale à la tantine psychopathe qui vient rejoindre l'équipage en cours de route. Le dessin en noir et blanc, proche de la caricature, est ultra simpliste (pour ne pas dire pauvre) mais il fonctionne et colle à ce procédé de gags. C'est loufoque à souhait et si la lecture de cette bande dessinée ne laisse pas un souvenir impérissable, elle fait tout de même passer un bon moment.
Lu Durango tome 17: Jessie de Swolfs et Iko
Après avoir réglé ses comptes avec Steiner et sa bande de tueurs, Durango est parti panser ses blessures chez un ami à lui devenu Shérif de la petite ville tranquille de Hancock. Lorsqu'une bande de tueurs viennent en ville pour récupérer un magot et que le Marshall se fait truffer de plomb, Durango est décidé à rendre un dernier hommage à son ami en réglant l'affaire avec son fidèle pistolet automatique Mauser.
Le plus badass des cow-boys solitaires signe son grand retour avec cet album. Nouveau changement de dessinateur pour cette histoire en la personne de Iko qui, s'il n'arrive pas à égaler le trait du grand Yves Swolfs himself, s'en sort plutôt avec les honneurs et surpasse d'emblée son prédécesseur Thierry Girod. C'est bien dessiné, l'histoire est simple et efficace dans la pure tradition du western spaghetti et les personnages puent la classe (et la crasse aussi par la même occasion). L'album tient la route et ravira les fans du genre western, mais il manque tout de même d'ambition et reste d'un classicisme qui ne sort jamais des sentiers battus. L'histoire est prévisible de bout en bout et c'est bien dommage quand on se souvient des grandes heures de Durango.
Tu m'as donné envie pour John Silver, j'étais déjà tombé plusieurs fois sur cet album.
Quant à la série de western de Swolfs, j'en ai aussi entendu parler, surtout l'été dernier quand je m'étais fait dédicacer le dernier tome de sa série Prince de la Nuit au festival de BD de Strasbourg. Donc sachant que j'aime beaucoup ses BD (Prince de la Nuit et Légende), je serais bien curieux de lire ça un jour (à ce que je vois, il n'est pas le seul auteur crédité).
Fonce! Tu le regretteras pas. D'autant plus si tu as lu L'île au Trésor de Stevenson.
Swolfs a assuré dessins ET scénarios des 13 premiers tomes. A partir du 14eme, il n'a produit que les scénarios. Ce 17eme tome a un dessinateur très bon, mais les tomes 14-15-16, ça a été assez dur de passer du dessin de Swolfs à celui de Girod. Surtout au vu du niveau qu'il a atteint. Tu verras qu'au premier tome de Durango, son style est lon d'avoir atteint son niveau actuel.
Durango est une très bonne série (surtout les 6 premiers tomes), mais elle reste très classique dans le fond. Elle n'arrive pas à la cheville de Blueberry qui reste LA référence du genre et une de mes séries préférées. Blueberry ne cesse de monter en puissance à chaque tome là où d'autres séries stagnent ou s'essoufflent, rien que pour ça, c'est fabuleux.
Lu Watertown de Götting.
Dans la petite ville des états-unis de Watertown, Philip est un employé de bureau tout ce qu'il y a de plus banal. En passant comme à son habitude un matin dans la pâtisserie de Monsieur Clarke pour acheter un muffin à manger sur le chemin du bureau, il lance à l'employée Maggie Laeger: "A demain Maggie". Cette dernière répondit: "Non... Demain je ne serai plus là". Et le lendemain, elle disparut corps et bien tandis que Mr Clarke était retrouvé mort à son domicile d'une mort apparemment accidentelle. Deux ans plus tard, Philip croit reconnaître Maggie dans une autre ville. Il va se retrouver de plus en plus obsédé par cette affaire et mener sa propre enquête.
Avant toute chose, ce qui se dégage de cette bande dessinée est un parfum de mystère et d'étrangeté. Tout comme le personnage de Philip, l'auteur réussit à happer le lecteur dans cette quête de vérité et cette suspicion. Qui est Maggie Laeger? A-t'elle vraiment tué Clarke? Pourquoi a-t-elle disparu? Les questions sont nombreuses, et les réponses à tout cela, limpides et claires et superbement décevantes tuent dans l'oeuf tous nos fantasmes et nos enchevêtrements de théories. L'auteur souligne ainsi que l'important n'est pas le résultat mais le chemin parcouru et que l'espace d'un instant, le lecteur excité dans sa curiosité se permet de croire à tout et s'emballe. Philip n'est que le narrateur catalyseur qu permet de se rendre compte que de petits évènements en apparence anodins peuvent devenir le commencement d'un tourbillon émotionnel intense. On est tenu en haleine de bout en bout grâce à une narration superbement maîtrisée, et les dessins, sombres et charbonneux, renforcent ce côté polar rétro. Du grand art.
Lu Le rapport de Brodeck Tome 2: L'indicible de Larcenet.
Dans un petit village de montagne à la frontière allemande, Brodeck est chargé par son village d'écrire un rapport disculpant les villageois du meurtre collectif d'un étranger venu poser ses valises. Brodeck, seul homme n'ayant pas pris part au carnage, va donc essayer de retracer tous les évènements ayant conduits à ce massacre.
Attention cette bande dessinée est un chef-d'oeuvre, rien de moins. Adapté d'un roman de Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck trouve sa conclusion dans ce second volume. Avec minutie, Larcenet autopsie un village en apparence idyllique mais qui montre petit à petit son vrai visage au fil des pages. Le traumatisme de l'après-guerre, qui a vu le petit village occupé, est vivace, et les villageois, repliés sur eux-même et rongés par la peur, la lâcheté et la culpabilité en viennent à commettre les pires exactions pour se protéger ou pour éviter de se voir tels qu'ils ne le sont vraiment. Les secrets sont lourds. L'ambiance est hostile et poisseuse. On retrouve un peu cette ambiance qui caractérise le film Dogville de Lars Von Trier où l'horreur et la noirceur gagne à chaque minute du terrain. Le format de lecture à l'italienne et le trait de Larcenet fonctionnent à merveille. Le dessinateur joue énormément avec les silences, les symboles, les silhouettes, et retranscrit à merveille dans son trait au noir et blanc dense la menace sourde qui pèse en permanence. La blancheur immaculée des paysages enneigés se heurte ainsi sans cesse à la noirceur abyssale des hommes. La lecture de cette oeuvre ne peut laisser indifférent et laisse une empreinte indélébile chez le lecteur. Un must have!
Lu Doggybags Tome 11 deHasteda, Pagani, Mangin, Secheresse et Chesnot.
Sur le même principe que les autres volumes, l'album regroupe trois histoires courtes d'une vingtaine de page à l'ambiance pulp et horrifique qui fleure bon le grind-house. Dans la première, des touristes se retrouvent être la proie d'un requin géant en Afrique du Sud; dans la deuxième, un homme cherche à échapper à un gang en Californie et demande de l'aide aux mauvaises personnes; dans la troisième, une sorcière vaudou compte bien utiliser tous ses pouvoirs pour débusquer un tueur de femmes dans une prison à Haïti.
Ce volume est vraiment bon et propose trois histoires à l'ambiance bien sombre, offrant des histoires sympas avec de beaux retournements de situation à la fin. Des hommages appuyés au cinéma de genre, bourrés de références qui raviront tous les fans du genre. Des dossiers complets, jeux, fausses pubs et cadeaux viennent compléter le volume, lui donnant d'autant plus une saveur particulière de journaux pulps américains qu'on pouvait trouver à l'époque. Et si les dessins ne sont pas extraordinaires, ils sont à l'image du reste: efficaces et sans prétention. Cette série Doggybags a décidément plus d'un tour dans son sac et se révèle une série incontournable pour tous les amoureux de la violence et de l'horreur, genre sous-exploité en France. Dommage qu'elle doive s'arrêter au tome 13...
Lu Docteur Poche, Retour sur la planète des chats de Wasterlain.
Les cochons verts cherchent à envahir la planète des chats et sont en passe de réussir. Appelé à la rescousse, le Docteur Poche débarque sur la planète après un voyage spatio-temporel pour aider à repousser l'invasion. Grâce à Ury, un petit chat héritier du trône, il accomplit l'impensable: une alliance entre chiens et chats pour repousser l'envahisseur.
Marc Wasterlain, fleuron du journal de Spirou dans les années 70 jusqu'aux années 2000 et papa également de l'excellente série Jeannette Pointu, nous fait le cadeau de sortir un nouvel album du Docteur Poche, cinq ans après le dernier. Le lecteur peut retrouver avec délectation les aventures devenues trop rares du célèbre Docteur-magicien affublé de son manteau et de son chapeau rouge dans un album haut en couleur, 36 ans après l'album La planète des chats. Le charme est là, et le savant mélange entre aventure, poésie, merveilleux et humour procure un plaisir toujours aussi vif. L'aventure, qui ne trouvera sa conclusion que dans le prochain album, est palpitante bien que classique et égrène des références multiples et variées à travers les pages. On peut ainsi voir apparaître d'anciennes connaissances du Docteur Poche ou bien venants d'autres séries du même auteur comme les Pixels ou le professeur Cyclotron. On aperçoit également des références à la politique contemporaine avec cette vision des camps de migrants où sont parqués ceux qui cherchent à fuir la guerre, ou encore grâce à certains personnages rappelant de manière non-fortuite la dernière guerre mondiale.
Le trait de Wasterlain, quant à lui, reste le même, simple et dans la pure tradition franco-belge, mais d'un dynamisme à toute épreuve. En bref, Docteur Poche, c'est un savant mélange entre la série Doctor Who et Philémon du regretté Fred. Un imaginaire débridé qui paraît être sans aucune limite au service d'une histoire intelligente. Une madeleine de Proust pour les plus âgés et une belle découverte pour les plus jeunes.
Lu l'intégrale de Monsieur Mardi-Gras Descendres de Liberge.
Victor Tourterelle, cartographe, est mort bêtement en glissant sur une petite voiture laissée par son fils dans la salle de bain. Libéré de la chair, il se retrouve sous forme de squelette dans un étrange monde qui n'est autre que le "Purgatoire". Prisonnier entre le Paradis et l'Enfer, il va évoluer dans ce bagne, en compagnie de squelettes rafistolés avec des bouts de métal, car ici la seule chose qui importe est de conserver ses os intacts le plus longtemps possible et de se plonger dans les vapeurs du café qui rappellent un lointain écho terrestre.
Guidé par un facteur cratophane, contacté par une milice résistante au pouvoir dictatorial en place, celui qui s'appelle désormais Mardi-Gras Descendres va devoir tracer pour la première fois les contours de cette prison pour espérer en trouver une issue.
En lisant le résumé, vous devez sûrement vous dire que cette bande dessinée est complètement barrée. Je tiens à vous rassurer, elle l'est. L'univers noir rempli de squelettes est pour le moins en décalage avec ce que l'on a l'habitude de voir. C'est graphiquement superbe, en constante évolution tout au long de l'oeuvre et pose une histoire vraiment originale avec un style très particulier. L'auteur décrit lui-même son oeuvre comme une comédie méta-physique. Les sujets abordés sont nombreux, à commencer par la mort, et les pistes de réflexion nombreuses. La lecture de cette bande dessinée est exigeante, et on peut facilement se retrouver perdu dans le fil narratif. Et pas forcément qu'à cause de l'histoire, il est parfois difficile de différencier les personnages, étant donné que ce sont tous des squelettes dont les seules différences sont les pièces de métal disposées sur leurs corps. C'est atypique et c'est quitte ou double: on accroche ou on déteste à l'oeuvre. Personnellement je n'y ai pas été très sensible. Trop noir et tortueux à mon goût. Mais une chose ne peut pas être mise en doute: la qualité du travail fourni par Liberge. C'est titanesque et ça force le respect. Cette édition intégrale, superbe au demeurant, propose un entretien en fin de volume pour mieux se rendre compte ainsi que de nombreuses superbes illustrations. Rien que pour ça, ça vaut le coup d'oeil.