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[Débat] Relations éditeurs/Développeurs

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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

Attention à ne pas tomber dans les idées reçues : un éditeur est certes une entité peu enviable de par les choix vénaux et industriels qu'elle met en place, mais il ne faut pas oublier que les costumes cravates sont absolument incontournables dans tout projet qui se respecte. Ce sont eux qui tempèrent les excès d'imagination des créatifs et font ouvrir les yeux des artistes sur la réalité du terrain sur le fait qu'ils créent un "produit". C'est du JV, c'est de l'art, mais cet objet doit s'insérer dans le mécanisme économique, générer des revenus en contre-partie des efforts consentis à le réaliser. Une fois ce paramètre incorporé, on doit s'atteler au marketing, à l'angle artistique et à l'identité du jeu qui pourrait plaire à une catégorie de consommateurs.

A titre personnel, j'ai expérimenté cette situation en organisant un événement qui, avec des hommes pragmatiques et cartésiens, a gagné en efficacité et impact auprès de ma cible. L'air de rien, leur "matérialité économique" m'a fait du bien. Ils m'ont faire redescendre sur Terre pour me conscientiser et m'encourager à tenir mes délais, quitte à taper du poing sur la table. Le plus talentueux des cinéastes, développeurs ou artistes doivent bien se résoudre à répondre à cette question immuable : "Comment vais-je concilier ma passion avec les coûts engendrés qui devront être amortis ?". Sûr, il existe des éditeurs qui dirigent des studios, mais d'autres prennent la peine de négocier, communiquer pour parvenir à un terrain d'entente entre obligations économiques et portées artistiques.

Très bon topic, profond et nuancé.

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Portrait de SpaceMoule
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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

Oh, chouette, des intervenants :D

Nass', je suis d'accord sur le besoin de nuancer la chose, un éditeur n'est pas forcément un grand méchant capitaliste voulant faire du fric, pour reprendre les exemples pré-cités de Tommy, Bethesda avec les Elder Scrolls ou Valve. Seulement, ils sont éditeurs-développeurs au même statut que Blizzard. Valve peut compter sur Steam et Blizzard flotte notamment grâce aux recettes de World of Warcraft, ce qui leur permet un peaufinement assez extrême de leurs jeux.

Citation:

Ce sont eux qui tempèrent les excès d'imagination des créatifs et font ouvrir les yeux des artistes sur la réalité du terrain sur le fait qu'ils créent un "produit".

C'est là où un éditeur est utile. Je vais prendre le cas de Daïkatana, pire échec commercial, qui est assez drôle.
Un game-designer totalement irresponsable qui s'affiche en Ferrarri dans les journaux, une communication outrancièrement prétentieuse, Eidos qui a perdu 20 millions dans le développement de ce jeu (je vous conseille d'ailleurs l'article qu'a consacré JV.com en 2009 sur ce jeu, pour plus d'infos ici) la présence de personnes plus fermes chez l'éditeur aurait pu éviter à la boite le four qu'il a subi.

On ne peut pas reprocher à Activision de très bien faire son boulot d'éditeur, là dessus, il n'y a clairement pas de doutes, ils sont très efficaces. Mais pour côtoyer des gens de l'industrie, ils me disent souvent que le problème le plus répandu est que selon les éditeurs, certains n'ont jamais touché à un jeu de leur vie, ce qui me semble être pas mal aberrant.

Une petite histoire à propos de Modern Warfare. Avant le développement du premier opus, une guerre interne faisait déjà pas mal rage entre le studio Infinity Ward et l'éditeur. Le premier voulait faire un jeu sur une guerre moderne, mais l'éditeur a tout fait, études de marchés à l'appuie, pour prouver qu'un jeu sur la seconde guerre mondiale était plus rentable. Le studio n'a pas cédé et a connu le succès que l'on connait aujourd'hui.

Pour le cas de Journey, Santa Monica n'est là qu'en tant qu'aide extérieur, tout comme ce studio, Guerilla et Naughty Dog ont apporté leur savoir faire technique pour God of War III. Ce sont des studios qui sont composés de joueurs passionnés avant tout, qui, même si Sony a du leur donner la directive, ont du prendre plaisir à faire autre chose qu'un jeu à X millions d'euros.

"Non maman ! Je ne regarde pas de sites érotiques, j'étudie l'anatomie de cette dame en position dos allongé, ce n'est pas la même chose !"

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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

Citation:
Mais pour côtoyer des gens de l'industrie, ils me disent souvent que le problème le plus répandu est que selon les éditeurs, certains n'ont jamais touché à un jeu de leur vie, ce qui me semble être pas mal aberrant.

Une petite histoire à propos de Modern Warfare. Avant le développement du premier opus, une guerre interne faisait déjà pas mal rage entre le studio Infinity Ward et l'éditeur. Le premier voulait faire un jeu sur une guerre moderne, mais l'éditeur a tout fait, études de marchés à l'appuie, pour prouver qu'un jeu sur la seconde guerre mondiale était plus rentable. Le studio n'a pas cédé et a connu le succès que l'on connait aujourd'hui.

Voilà le problème exact du jeu vidéo ! Je l'avais légèrement évoqué, maintenant il est parfaitement ciblé. Dans le cas de la musique ou du cinéma, on ne se demande pas si les dirigeants de studios et de maisons de disque aiment regarder des films ou écouter de la musique. Il s'agit d'un problème propre au JV. Nass apporte une nuance très importante sur le sujet, mais il n'empêche que, très souvent, le "compromis" entre choix artistiques et efficacité pure néglige la première partie. Aujourd'hui, les jeux de guerre moderne ne se comptent plus, le TPS est déjà repéré comme alternative populaire au FPS. Et le fait que les éditeurs n'ont que de froids indices (études, sondages, chiffres de vente) pour constater de la valeur d'un jeu n'arrange rien.

Edité par Tommy Vercetti le 15/03/2012 - 20:47
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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

SpaceMoule a écrit:
C'est là où un éditeur est utile. Je vais prendre le cas de Daïkatana, pire échec commercial, qui est assez drôle.
Un game-designer totalement irresponsable qui s'affiche en Ferrarri dans les journaux, une communication outrancièrement prétentieuse, Eidos qui a perdu 20 millions dans le développement de ce jeu (je vous conseille d'ailleurs l'article qu'a consacré JV.com en 2009 sur ce jeu, pour plus d'infos ici) la présence de personnes plus fermes chez l'éditeur aurait pu éviter à la boite le four qu'il a subi.

Merci pour ce lien, le texte m'a appris pas mal de choses et m'a permis d'avoir une bonne barre de rire quand j'ai vu que JV.com l'avait noté 12/20.

Mais sinon quand on voit des grands studios comme Naughty Dog avec Uncharted, Rockstar avec GTA ou Infinity Ward avec les Modern Warfare, on voit qu'ils vont d'eux-même vers le mainstream. Comme le dit Nass, tous comprennent plus ou moins qu'il faut aussi viser la rentabilité.

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A rejoint: 26 décembre 2011
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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

Le cinéma rencontre aussi ce souci, c'est qu'actuellement les grand studios sont composés de producteurs qui en général refilent les projets à des cinéastes sans intérêt, là où avant les producteurs étaient des hommes très cultivés qui confiaient des projets aux thématiques en lien avec les obsessions du réalisateur. Désormais, cette corrélation n'est plus tangible et c'est exact de se dire que les gros argentiers du JV sont simplement formés aux HEC sans intérêt prononcé pour le secteur (cfr. Bobby). Mais vous savez, ce sont des gens d'expérience, c'est presque leur boulot de faire de l'argent (et ils actent avec brio). C'est juste que dans un monde idéal, il faut de la folie créative structurée par des individus formés au pragmatisme, afin de donner naissance à un fruit pérenne et durable.

Le JV à tout à gagner à s'en mettre plein les poches avec les Modern Warfare et autres franchises formatées et essorées, pour peu qu'une partie des profits soient réinjectés dans des idées plus ambitieuses. Mais c'est qu'un rêve (un peu une réalité avec Fox SearchLight, subdivision "d'auteur" et pointue du monstre Fox).

Daïkatana c'est l'exemple type d'un studio qui part dans ses délires en dilapidant le budget... (quelle bouse ce jeu, effarant quand je l'ai testé à l'époque).

Edité par Nass' le 15/03/2012 - 22:16

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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

Ah mais personnellement, je l'ai trouvé très rigolo, du moins ce qui était écrit sur la jaquette. J'ai moins ri ensuite, plains surtout un pote qui avait acheté le jeu.

Greensnake : les studios sont quand même des boites qui doivent générer de l'argent malgré tout. Naughty Dog travaille toujours dans le but de faire du profit, a toujours été un partenaire privilégié de Sony, et quoi qu'en en dise, malgré les budgets monstres dont ils bénéficient, ils ont toujours fait des choses de qualité. Les Crash, Jak&Daxter, et même les Uncharted restent des excellents jeux, viables économiquement parlant mais avec une patte artistique très poussée.

L'exemple parfait du meilleur des relations entre éditeur et développeur pour moi.

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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

Ha mais je suis tout a fait d'accord qu'on peut concilier accessibilité/mainsrtream et qualité. Un studio comme Naughty Dog c'est un peu comme Spielberg au cinéma. Les expériences proposées ne sont pas vraiment des trucs arty/indé qui vont plaire qu'à une petite niche qui sera une oeuvre culte pour une partie de la critique (trop souvent élitiste par ailleurs mais c'est un autre débat). Le but est de plaire au plus grand nombre mais c'est fait avec une telle passion et telle connaissance, comme maîtrise, du média abordé que ça donne quelques chose de grand.

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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

En effet, un exemple évident de conciliation réside aussi dans les films de Nolan.

Portrait de SpaceMoule
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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

Roh oui, c'est fou comme Batman a gagné en qualité ces dernières années sur les médias que sont le cinéma et le jeu vidéo. Autant dire que la Warner a très bien joué son coup, en laissant libre cours à l’interprétation faite par Nolan et Rocksteady.

Konami a fait la moitié de la chose en confiant le long métrage de Silent Hill à Christopher Gans qui est un gros fan de SH (long métrage qui est tout juste un bon film mais que j'ai beaucoup apprécié en tant qu'adaptation).
Je comprends pas du coup pourquoi ils confient ensuite les nouveaux jeux Silent Hill à des studios pas très connus et convaincant. Double Helix ? Vatra Games ? Ils ont pas fait grand chose quand on voit leur pedigree, ceux là :/

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Portrait de GreenSnake
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Re: [Débat] Relations éditeurs/Développeurs

Tommy Vercetti a écrit:
En effet, un exemple évident de conciliation réside aussi dans les films de Nolan.

Tout à fait vrai.
Sinon pour Silent Hill je sais pas trop, lassitude peut-être mais aussi le fait que les Japonais (dont Konami) sont actuellement à la ramasse au niveau développement depuis quelques années et se tournent beaucoup trop vers des développeurs occidentaux.

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