[Blabla] Manga/japanim'

Déjà, pourquoi je ne peux presque rien dire en-dehors des spoilers : tout simplement parce que ça impliquerait de révéler si Higurashi possède (ou ne possède pas) d'éléments fantastiques. Et c'est pourtant la question qui est au centre de la lecture, pendant les six premiers tomes (vers la fin du six, on a la preuve quasi-formelle que tout ne peut s'expliquer de manière rationnelle). Et c'est, je trouve, ce qui fait la principale force de ce VN, du point de vue de la narration : peut-on expliquer ce qui se passe de manière rationnelle ou pas ? Pour ma part, j'ai refusé cela, et ai construit toutes mes théories, au fil des quatre premiers tomes (cycle des énigmes), en me basant sur un postulat bien précis : tout ce qui se passe ici peut s'expliquer de manière rationnelle.

Et, bien entendu, j'avais tort. Mais ceux qui pensaient le contraire avaient tort aussi. Car, en effet, Higurashi mixe avec brio deux aspects bien distincts :
-une affaire de meurtres pouvant s'expliquer rationnellement, seule l'histoire du parasite sort un peu de l'ordinaire. Donc, il s'agit d'une affaire policière totalement classique ;
-une manière de la comprendre et de la résoudre sortant des lois rationnelles (voyages entre univers, miracle à la fin avec Rika qui arrête la balle de Takano, etc.).

C'est vraiment super bien joué de la part de l'auteur, qui arrive ici à mixer deux aspects différents à première vue incompatibles. On a d'un côté les fans de fantastique qui se fichent d'avoir une explication rationnelle à ce qui se passe, et veulent quelque chose qui "pète". D'un autre côté, on a les fans de trucs rationnels, qui aiment avoir des explications convaincantes et plausibles à ce qu'on leur raconte (comme moi). Pour ça que j'adore Agatha Christie, mais aussi les Zero Escape, qui sont de la SF pure avec de vraies théories scientifiques pour expliquer ce qui se passe, et pas une histoire totalement fantastique. À priori, impossible de mixer les deux. Et pourtant, comme je le dis plus haut, l'auteur y arrive avec brio. Presque avec facilité, en fait. Ça me donne d'autant plus envie de me lancer dans Umineko, mais je pense attendre un peu.

Au-delà de l'histoire, de sa structure, je trouve la manière de la raconter vraiment intelligent. Le coup de "quatre tomes d'énigmes/quatre tomes de réponses" est vraiment très bien dosé. On prend son pied tout le temps, aucun tome n'est faible. Mes préférences vont pour le tome 2 dans le premier cycle, et le tome 6 dans le second. Sans doute, pour ce dernier, parce qu'il marque le début de la "vraie" résolution. C'est à partir de là que les choses sérieuses commencent. Et quelle fin totalement épique !

À côté de cela, les personnages sont tous plus attachants les uns que les autres ! Si on se concentre sur les membres du club, difficile d'établir un classement. Mion est évidemment le premier personnage que l'on remarque, avec un charisme fou, un excellent humour, etc. Rena et son "mode Mimii" est géniale, Rika se révèle être un personnage écrit avec un talent indéniable (et ses "Mii" et "Nipah" la rendent inoubliable), Shion devient super attachante dans le tome 5, Keiichi est tout simplement un super narrateur avec des dialogues et scènes totalement épique (la fin du tome 6 !), et Hanyu se révèle être un personnage de haute volée en seulement deux tomes de présence (donc un seul en tant "qu'actrice"). Mais le personnage le plus surprenant est sans aucun doute Satoko, qui possède un nombre de facettes énormes et sait être attachant à chaque fois. En tant que chieuse de première catégorie, en tant qu'amie, en tant que "sœur", en tant que personne à bout de nerf et, surtout, en tant que quelqu'un qui se rebelle enfin. La scène où elle tient enfin tête à son oncle, dans le tome 7, reste tout de même un des 2-3 meilleurs moment de ce visual novel.

En bref, les personnages sont juste fantastiques, au même titre que l'histoire, la narration, la musique. Bref, absolument tout. Même les décors issus de photos auxquelles les concepteurs ont appliqué un bête filtre sont géniaux, et donnent un cachet tout particulier aux scènes où le personnage perd la boule. Pour finir, les thèmes abordés et la morale qui s'en dégagent achèvent de faire d'Higurashi une oeuvre à ne pas manquer. C'est une histoire très profonde sur l'amitié, qui traite donc d'un sujet surfait, mais avec une approche originale. Bien sûr, tout n'est pas absolument parfait. On pourra toujours regretter une fin ultra épique mais qui dénote un peu avec le reste (pas gênant néanmoins tellement c'est cool), ou le fait que, comme par hasard, tous les personnages ou presque ont un passé affreux. Mais peu importe, ces quelques imprécisions ne pèsent pas lourd dans la balance. Higurashi, c'est quelque chose à lire impérativement, nous avons tous à apprendre du calvaire de cette pauvre Rika. Nipah~ ☆

Pour finir, le thème qui m'aura le plus marqué :